voyage chez les Huns (deux) suite et fin
Lundi départ pour Bratislava avec un arrêt rapide par Lednice, où trône un château extraordinaire
confisqué par les communistes à une famille allemande qui l’a récupéré après la chute du mur, sur la route, avant la frontière, pour arriver ensuite chez Daniela Cechova notre hôtesse qui nous offrait son bureau magnifiquement agencé de thérapeute pour vivre et dormir. Pas n’importe qui Daniela, prof à la faculté de Bratislava, qui nous avait concocté un programme bien épais et compact.
Déjà, j’avais répondu par écrit aux questions d’un entretien destiné à être publié dans le journal adlérien slovaque. Et donc d’abord mardi, un entretien avec une journaliste (ci dessous avec la belle Daniela dans son bureau à la fac)
du canard local pour un article dans le supplément weekend en direction du grand public, une journaliste très sympathique, qui nous a forcé à nous creuser le ciboulot. J’ai même acheté un nœud pap’ pour l’occasion moi qui n’avais porté ni cravate ni nœud pap’ depuis des siècles…nous attendons l’article avec impatience. En tout cas, elle a promis de le faire relire à Daniela. Sylvie a trouvé de bonnes images pour faire passer le message du genre quand un enfant est tombé et s’est fait mal, sa mère peut bien le câliner et le consoler , il faudra quand même aller chez le docteur pour le soigner, en réponse à la question : « en quoi la thérapie est-elle différente des discussion avec des amis? ».
Puis une journaliste d’une radio locale pour m’interviewer sur le sujet des « enfants adultes »qui posent problème à leur parents, genre Tanguy qui ne veut pas travailler, car icelle avait lu mon article sur le sujet dont le titre est : « je m’inquiète pour ma fille, et elle n’a que 37 ans ! ». Daniela traduisait et ils ont dit qu’ils effaceraient sa traduction de la bande son, je suis impatient de voir le résultat, là aussi.
Tout ça pour développer les idées d’Alfred Adler !avec grand plaisir et beaucoup de saine fatigue, et le sentiment d’un devoir accompli.
Le soir un pot avec des stagiaires de l’université d’été de Sturovo, sise près de la frontière hongroise avec vue sur le Danube…
Le lendemain, matinée libre, on a revisité la vielle ville de Bratislava, les tchèques n’aiment pas servir comme l’avait dit Micha, une serveuse brune et désagréable qui a exigé d’être payée tout de suite, on se serait cru dans un café à Paris. Mais il faisait un temps magnifique et on était sur la plus belle place du centre historique dans un endroit superbe. Sylvie s’est fait prendre en photo avec une « statue » d’un hominidé peint en guerrier.
L’après-midi, nous animons une séance de travail sur les rêves avec des étudiants de dernière année de psy, ils parlent tous anglais, ils sont une douzaine et ils suivent bien. On se réunit dans la tour, le lieu le plus haut de l’université, ils sont conscients de la clause de confidentialité, et ils sont assurés d’avoir une note A à la fin de ce cours qui est un groupe de parole didactique. Nous les faisons travailler sur un rêve. Une jeune étudiante présente un rêve passionnant pour tous concernant le suicide, l’altruisme aux dépens des désirs, l’incompréhension, thèmes qui résonnaient bien chez ces jeunes, qui ont pu s’exprimer sur ce sujet. Moi-même je n’avais jamais approfondi un rêve à ce point. Ce qui fut fait avec l’aide des autres membres du groupe puisque nous insistons toujours en tant qu’adlériens à faire un travail collaboratif et impliquer le plus de gens possible.
Un des étudiants était étonné qu’on puisse travailler dans la joie , l’humour et la bonne humeur, il devait penser qu’être thérapeute c’est quelque chose de grave et de sérieux… il a, parait-il, écrit son mémoire sur les souvenirs d’enfance …Il avait l’air particulièrement futé et posait des questions intelligentes. Puis zoom en voiture dans un centre qui allie EPHAD et foyer d’accueil pour mères avec enfants. L’un finançant l’autre en partie, en tout cas. Nous sommes accueillis comme des rois avec des cadeaux et nous visitons le centre, la directrice est une femme superbe et sexy qui travaillait dans les media avant de fonder ce centre, et vient de terminer un livre en direction des professionnels et du grand public sur son expérience de ce centre. Son assistance est adorable et parle anglais et un peu français. ( l’assistante est à gauche, la directrice aucentre)
Le centre est propre, très bien entretenu et joli ce qui n’est pas toujours le cas dans le secteur social en France où on a l’air de vous faire payer le fait d’être pauvre. Nous faisons une session avec 3 des 5 mères accueillies. Elles racontent leurs histoires pas marrantes, où le milieu d’où elles viennent ne leur a pas fait de cadeau, entre violence, alcoolisme, drogue, les ingrédients habituels de la pauvreté. Nous les encourageons et leur montrons leurs forces et leur capacité de résilience face à l’adversité, et nous constatons que ce groupe de travail leur fait du bien et les fait avancer.
Le soir nous avons obtenu grâce à Daniela des tickets pour voir le Corsaire, un ballet français , dansé de façon merveilleuse par des artistes plutôt dans la veine russe, m’a-t-il semblé, avec moult entrechats et sauts virtuoses et enchanteurs. Tout cela pour une première au nouvel opéra de Bratislava, la séance commençait à 19 heures, et tout le monde était sur son 31, les spectateurs et -trices je veux dire…
Le lendemain, dernier jour en Slovaquie, retour au centre-ville le matin dans un magnifique café
sur la même place, en plein soleil d’avril, avec une serveuse blonde et désagréable, elle aussi qui nous enjoignait de choisir un numéro dans le menu, y compris ce qui n’y était pas, et de payer tout de suite dès les boissons servies. (Retour aux bonnes mœurs parisiennes…).
Puis à 10 heures retour à l’université pour un groupe de parole d’étudiants de 4ième ou 3ième année,, Daniela nous avait prévenu, groupe créatif mais difficile à faire parler. Nous les avons donc fait dessiner leur famille quand ils étaient petits et la famille idéale sur le même support, pour les sensibiliser à la constellation familiale et aux souvenirs d’enfance. Le désir frustré d’avoir un chien est revenu pas mal de fois. L’émotion était forte car ils ont dit après que certains ne voulaient pas parler de leur famille. Un exercice simple en apparence fut porteur d’une forte charge affective. Le groupe a commencé à s’échauffer et un des étudiants s’est porté volontaire pour exposer un souvenir d’enfance que nous avons interprété ensemble. Il a été très impressionné de tout ce qu’on pouvait tirer de ce test projectif. Les étudiants se dirent intéressés, et contents comme on peut voir ci-dessous.
Et alors nous en avions fini de nos obligations à défendre la Cause, et nous allâmes déjeuner au château avec la vue sur la ville et le Danube bleu….
Fin de partie…et retour à Paris, en passant par vienne et le café central où Adler allait réfléchir avec ses collègues et amis, et je me dis que nul n’est prophète en son pays, et qu’en Europe centrale, je suis un prince reconnu, alors qu’à paris je ne suis qu’un psy parmi des centaines d’autres. Mais est ce que je ne suis pas en train de faire ma victime moi aussi ?…