La défonce: j’avale des cachetons ? Je fume ? Je me shoote ? Je bois ? Ou bien je me la fabrique moi-même bonne et bio?
En langage psy : ivresse endogène ou exogène?
HI=(SE x SI)∞
« La toxicomanie est un nourrissage extérieur pour un voyage très autocentré où l’autre peut devenir enfin ce qu’égoïstement on souhaiterait qu’il soit. » (Héloïse M.)
Je suis tombé sur des écrits de Walter O’Connell, ouvrage broché tapé à la machine à écrire, que j’avais acheté lorsque j’ai suivi son cours sur la mort dans les années 70 a l’université d’été adlérienne ICASSI. Dans ce séminaire, il nous faisait faire des exercices du genre : « imaginez que vous venez de mourir, que disent les gens de vous, que voudriez-vous qu’ils disent… »
Ou bien il demande à un groupe de travailleurs à l’hôpital de vivre comme si ils allaient mourir dans quelques jours, et qu’ils ne pouvaient plus sortir de la pièce, qu’est ce qui se passe ? à la fin ils sont sauvés par un ange qui annonce que dieu a changé d’avis et ils seront sauvés en fin de compte…
Le style d’écriture est un peu ardu parfois, mais ses idées sont encore valables et utilisables chez nous aujourd’hui.
Walter s’appuie sur la psychologie adlérienne et sur les avancées de Rudolf Dreikurs, les concepts qu’il reprend sont l’encouragement, l’estime de soi, et le Gemeinschaftsgefühl : en gros c’est le sentiment que l’on a d’appartenir à la race humaine, et l’on souhaite donc contribuer à son avancement par des actions qui nous paraissent pertinentes, telles que faire un œuvre d’art, militer, enseigner, construire, faire de la recherche.
Pour éclairer le concept, On peut dire comme les indiens d’Amérique du nord qu’on réfléchit aux conséquences de nos actions sur les 7 générations à venir. Ce concept est très diffèrent de l’altruisme et de l’empathie, ce peut être une action solitaire (lire à ce sujet l’article, social feeling is it chickent soup ? sur ce site).
Par ailleurs l’époque des années 70 était très influencée par de multiples groupes de rencontre qui se sont développés dans tous les états unis à partir des idées de Rodgers (voir nos articles sur le Counselling). De même, cette époque fut marquée par des trublions qui théorisaient, à l’instar de Timothy Leary, et prônaient l’usage des drogues, entre autre les tenants du mouvement hippie.
La recherche de sensations fortes et de « high » qu’on peut traduire par ivresse était omniprésente chez les jeunes, et accompagnait la sortie aux usa comme en Europe d’une période extrêmement raide et corsetée.
Le haschich ainsi que le LSD ont commencé à être disponibles un peu partout, il l’est maintenant dans partout en France en ville comme dans les villages les plus reculés.
La méthadone, produit de substitution, a fait déjà son apparition aux usa à cette époque, mais elle a mis longtemps à être accepté par les thérapeutes, psychiatres et analystes français qui ne souhaitaient pas « traiter le symptôme », et qui a mis beaucoup de toxicomanes en grande difficulté physique et mentale.
Bref, l’idée était qu’il fallait substituer une dépendance par une autre qui soit moins dangereuse et moins douloureuse pour les toxicomanes.
Walter va plus loin en disant que le toxicomane cherche l’excitation, l’ivresse hors de lui-même, ce qui semble un truisme au premier abord, mais qui ne l’est pas vraiment, attendez la suite…Il prône donc le « natural high » une ivresse naturelle, auto induite, depuis l’intérieur, par un mélange d’estime de soi (SE) et de Gemeinschaftsgefühl ( SI ), voir la formule dans le titre :
HI=(SE x SI)∞
Et ce à l’infini… Le toxicomane est vu par les adlériens comme un individu faible et trop choyé, manquant d’intérêt social, qui exploite les autres avec colère…
En effet, selon Walter, les seuls éléments qui sont sous notre entier contrôle sont ces deux dimensions : ce ne sont pas des faits extérieurs à nous, mais des sensations, des sentiments complètement subjectifs sur lesquels nous pouvons progresser à l’aide d’outils tels que la prise de conscience de nos erreurs de jugement, notre sentiment d’infériorité, et de fausses croyances, tels que les reproches, des apriori fatalistes sur l’anxiété, la vie et la mort, pour aller vers l’interdépendance mature par l’encouragement, la créativité et la coopération à travers le feedback honnête et sans jugement de ses pairs.