Sur la route de nos souvenirs d’enfance…
Sur la route de nos souvenirs d’enfance et de nos rêves…
Lors des deux précédents séminaires que nous avons animés en Slovaquie nous avions sympathisé avec une stagiaire Michaëla et sa collègue Miroslava psychologues à Brno. Elle nous faire venir en Tchéquie pour donner un stage, finalement nous nous sommes mis d’accord pour un séminaire de trois jours en avril.
Le voyage a commencé la veille du départ, quand nous avons confié Lana, notre chienne, à Nathalie pour le temps de notre absence. Snif !!
Et le lendemain, mercredi 15 avril, nous partions en direction de la République Tchèque avec une escale à Heilbronn. Sept heures de route pour parcourir les 650 kms jusqu’à Heilbronn ville allemande.
Nous sommes arrivés à Slapanice, dans la banlieue de Brno à la nuit tombée le 16 avril. Très bon accueil par le gardien parlant allemand, une chance ! Le niveau de notre tchèque est en-dessous de zéro !
Mais dès le lendemain, premier jour du séminaire, notre vocabulaire s’est enrichi de deux mots : « dobryden » (bonjour) et « deqwi » (merci). Plus tard nous apprendrons le mot « zmrzlina » glace, celle qui se mange, non il n’y a pas de faute d’orthographe !!
La cuisine tchèque peut être délicieuse, toutefois si vous êtes végétarien ou que simplement vous aimez les fruits et les légumes, sachez qu’ils brillent par leur absence. La cantine de Slapanice servait au déjeuner un bouillon dans lequel flottaient des filaments de poireau, des confettis de carotte et des miettes de pommes de terre, jamais de dessert. Ce n’est pas la coutume.
On a quand même survécu et il nous est arrivé de nous régaler !!!
Les participants, quinze femmes et UN homme sont très motivés, pour la plupart ils connaissent bien la psychologie individuelle selon Alfred Adler et demandent surtout de la pratique.
Grâce à notre interprète en français, Pavla Kellnerova, les échanges sont fluides donc rapidement nous passerons à des exercices en sous-groupes, mais d’abord ils veulent une démonstration de la recollection de souvenirs d’enfance par Alain Drimmer et moi. Nous demandons un ou une volontaire.
Helena, les prénoms ont été changés, nous raconte son premier souvenir :
« J’étais à l’école, la classe terminée je me retrouvais la dernière, tous les enfants étaient rentrés chez eux, l’institutrice s’impatientait, moi tranquille je jouais par terre avec des cubes en attendant que l’on vienne me chercher. Je n’étais pas inquiète. Mes frères arrivèrent, ils avaient apporté mon tricycle. Sur le chemin du retour ils me chahutèrent tant que je tombais et me blessais mais en arrivant à la maison c’est moi que ma mère grondât et non mes frères. »
Deuxième souvenir :
« Je me trouvais dans la cuisine avec ma mère, c’était une personne très froide, je ne me souviens pas qu’elle m’ait un jour cajolée ou prise dans ses bras. Nous étions seules à la maison et nous jouions aux cartes. Ma mère trichait, je lui en fis la remarque, aussitôt elle se mit en colère cria et refusa de continuer le jeu. »
Pauvre Helena ! Son institutrice veut en être débarrassée, ses frères lui font du mal, sa mère est injuste et ne lui montre aucune affection !!!
Quel est son « lifestyle » ? Cette construction psychologique que chacun se fabrique et qui, selon Alfred Adler, va déterminer notre comportement, notre vision du monde des autres et de nous-même. Quelle image Helena a-t-elle d’elle-même, des autres, du monde ?
Le monde : il ne lui fait pas beaucoup de place, elle apparaît comme un poids mort
Les autres : soit elle les encombre (institutrice), soit ils l’oublient à l’école par exemple, soit ils ne l’aiment pas (mère distante, frères brutaux).
Elle : personne ne l’aime, il est préférable qu’elle reste seule, elle n’a aucun pouvoir sur personne.
Le visage d’Helena n’exprime aucune tristesse devant cet affligeant tableau, c’est sa vie, elle ne compte pas. Mais je ne suis pas de cet avis et je le lui dis :
« Tu as beaucoup de pouvoir sur les autres, tu empêches ton institutrice de partir, tu obliges tes frères à venir te chercher et tu as le don de mettre ta mère en colère ! Tout cela c’est du pouvoir, dans tes souvenirs il est utilisé de façon négative, mais tu peux transformer cette image et t’en servir de façon positive, utile aux autres et à toi-même.
Helena sourit, elle va y penser.
Le lendemain matin, tout le monde s’interroge : comment Pavla sera-t-elle habillée aujourd’hui ?
Depuis le premier jour elle nous éblouit par son élégance et chacun attend son arrivée avec impatience !
C’est vêtue d’un tailleur pantalon noir et d’une superbe blouse fleurie avec bijoux assortis qu’elle apparaît. Pavla est plus qu’élégante, elle est cultivée et possède un grand sens de l’humour. Pavla m’a rendu le stage plus facile, nos autres séminaires en Slovaquie se déroulaient en anglais, grâce à la traduction en français je me suis sentie plus libre de parler.
Merci à Pavla !
Le stage reprend avec les questions d’usage : comment allez-vous ? Qu’avez-vous retenu de la journée d’hier ?
Quand arrive le tour d’Helena, elle raconte :
« Hier soir ma fille m’a demandé de garder mes petits-enfants, d’ordinaire je rentre chez moi dès que les parents sont de retour. Hier j’ai décidé de ne pas rester avec mes cubes, j’ai pris mon pyjama et ma brosse à dents et j’ai dormi chez ma fille. Nous avons passé la soirée ensemble, ma fille était très contente et moi aussi ! »
Nous la félicitons, son «lifestyle » a évolué en quelques heures, elle s’est rendu compte que les autres avaient besoin d’elle, non seulement pour rendre service mais aussi pour sa seule présence.
Nous voici arrivés au dernier jour, il est temps d’explorer l’utilisation des rêves dans le cadre de la théorie adlérienne.
Si les souvenirs d’enfance définissent notre vision du monde et font référence au passé, les rêves sont une préparation au lendemain, une manière d’aborder un problème qui nous préoccupe et auquel nous n’avons pas trouvé de solution.
Alain demande à une stagiaire de mettre en scène un rêve en choisissant des participants pour incarner les différents personnages ou éléments de son rêve. (Lire le « rêve de Natalia » dans la rubrique Articles).
Les stagiaires ne connaissent pas le travail sur les rêves, malgré une solide formation à l’adlérisme. A la fin du séminaire, lors du bilan, ils disent leur plaisir d’avoir participé, ils ont appris de nouvelles techniques.
Nous nous quittons dans la joie.
Demain, en route pour la Slovaquie où Daniela Cechova nous attend, suite au prochain blog…